https://www.traditionrolex.com/25 Gouvernance : la population désire plus de consultation

Gouvernance : la population désire plus de consultation

Par 2016-09-06 11:39:35

 

[caption id="attachment_3710" align="aligncenter" width="769"]La population exprime ses desideratas ( Photo archives) La population exprime ses desideratas ( Photo archives)[/caption]


L’organisation Never Again en collaboration avec Interpeace, une organisation suédoise, vient de soumettre à la validation un rapport de recherche sur les leçons à tirer de la gouvernance participative au Rwanda post-génocide dont les résultats indiquent que la population dit n’y être pas suffisamment associée.

Dans un rapport de recherche dont les résultats ont été récemment présentés par une équipe de chercheurs de l’ONG Never Again représentés par Révérien Interayamahanga et Odette Kantengwa, il en ressort que le niveau de participation de la population à l’élaboration et au suivi-évaluation des contrats de performance reste bas.

Le rapport indique en même temps que la population reproche aux parlementaires d’élaborer des lois sans la consulter au préalable, alors que c’est sur elle qu’elles s’appliquent.

Les travaux de la recherche ont impliqué 616 répondants dont des parlementaires, les maires des districts, les membres des Conseils consultatifs aux instances de base, les médias, ainsi que la population des districts de Nyabihu, Gasabo, Bugesera, Musanze, Nyarugenge, Rwamagana et Gicumbi en plus de la Ville de Kigali.

Un film documentaire réalisé par les chercheurs retrace le point de vue de la population sur l’état de la gouvernance au Rwanda post-génocide.

Dans leurs interventions, les citoyens interrogés accusent les Conseils consultatifs des instances de base à partir de la cellule, du secteur et du district, de ne pas les consulter pour recueillir leurs desideratas qui devraient être traités au cours des réunions mensuelles desdits conseils.

La population accuse ces derniers de tabler sur leurs propres initiatives non issues de la population.

Les 616 répondants considérés comme échantillons représentatifs par les chercheurs ont fait valoir que la population est contrainte de réaliser des contrats de performance présentés par les autorités de base sans avoir pris part à leur conception ou leur élaboration.

D’autre part, les résultats prouvent que la population, tous les sexes confondus, apprécie la volonté politique du gouvernement et les mécanismes mis en place pour assurer une gouvernance participative, mais désapprouve la façon dont ils sont mis en application.

Les Conseils consultatifs rejettent la responsabilité à l’Exécutif des instances de base

Interrogés sur leur niveau de participation à l’élaboration des contrats de performance, les membres des Conseils consultatifs ont nié être impliqués dans cette activité, arguant que les "techniciens" de l’Exécutif des instances administratives de base en sont les seuls concepteurs, quitte à les inviter pour signature avançant que leur transmission est urgente.

Parmi ces dits " techniciens", il y a les Secrétaires Exécutifs de la cellule jusqu’au niveau de district, les maires de districts et leurs vice-maires.

Au sujet de la raréfaction de leurs visites à la population pour recueillir leurs doléances, les membres des Conseils consultatifs ont expliqué que cela résulte du manque des moyens nécessaires à cette fin.

Un autre motif avancé par ces Conseillers, est qu’ils passent plus de temps à vaquer aux activités qui leur permettent de nourrir leurs familles, rappelant ainsi que le rôle de Conseiller est bénévole.

Concernant la préparation et l’exécution des travaux communautaires mensuels, "umuganda", les répondants ont encore une fois reproché à leurs autorités de base de déterminer les sites sur lesquels ils exécutent les travaux sans consultation populaire préalable.

L’élaboration des lois devrait s’appuyer sur les consultations populaires

Les résultats de la recherche n’ont pas épargné les Parlementaires de la Chambre basse et du Sénat, car les répondants les ont pointés du doigt leur reprochant d’élaborer souvent des lois sans recueillir préalablement les avis et considérations de la population.

Selon certains répondants "ces élus apparaissent devant le peuple lors de la campagne électorale en quête des voix et, une fois élus, ils ne reviennent plus".

Certaines autorités de base interrogées ont eu l’occasion d’exprimer leurs appréciations face aux accusations de la population.

L’une des autorités de district, Eugène Kayiranga Muzuka, le maire du District de Huye, a expliqué que la population a aisément accès aux médias pour exprimer leurs appréciations sur la gouvernance locale.

Selon lui, "les citoyens ont, en plus des réunions avec leurs autorités, un accès facile aux médias et à chaque occasion qui se présente, ils expliquent aux journalistes et à tous les auditeurs la façon dont est gérée leur entité administrative."

Muzuka a ajouté qu’"ils en profitent pour s’exprimer sur les contrats de performance et suggèrent parfois la destitution de telle ou telle autre autorité de base dont les prestations ne satisfont pas leurs attentes."

Les médias offrent à la population un espace pour exprimer leurs attentes

Les résultats de la recherche prouvent que les médias ont été appréciés pour assurer une liaison entre les dirigés et les dirigeants. La population interrogée a vivement remercié les médias car, dit-elle, les journalistes lui accordent suffisamment d’espace pour qu’elle exprime ses satisfactions et si nécessaire, émette des critiques sur ce qui ne marche pas.

Eux-mêmes interrogés, certains journalistes ont confirmé qu’il ya réellement certaines instructions qui s’abattent sur la population sans qu’elle n’y ait pris part ou qu’elle n’ait reçu des explications y relatives.

Parfois, ont-ils souligné, certains programmes sont exécutés en faveur d’une population qui n’y trouve pas de priorité.

Une des journalistes interrogée, Ange Subirou Tambineza a déclaré qu’il y a des activités qu’on demande à la population d’exécuter sans qu’elle n’en soit informée au préalable, ce qui prouve qu’elle n’est pas consultée par ces concepteurs qui réfléchissent à sa place.

La bonne gouvernance s’installe progressivement au pays

A l’issue de la présentation des résultats de la recherche, le Secrétaire Permanent au Ministère de l’Administration Locale, Munyeshyaka Vincent a expliqué que la bonne gouvernance s’installe progressivement au pays, et que les erreurs sont également progressivement corrigées.

Munyeshyaka a reconnu que "les citoyens constituent la base-même du développement et de la bonne gouvernance. Notre gouvernement a mis en place des instances devant permettre à la population de prendre part à sa gouvernance et aux programmes politiques en sa faveur, aux contrats de performances ainsi qu’aux lignes budgétaires."

A la veille de la célébration de la Journée africaine sur la décentralisation et la gouvernance locale célébrée dans la première quinzaine du mois d’août, Prof Anastase Shyaka, Directeur Général de RGB (Rwanda Governance Board) avait déclaré à la presse, que le taux de participation de la population au suivi des programmes politiques en sa faveur est à ce jour de 51%.

S’appuyant sur les données du sondage, Prof Shyaka avait expliqué que "lorsque l’on vérifie la participation citoyenne aux contrats de performance des districts ou alors le droit de regard dans la gestion financière, le taux est encore plus bas".

Jean Louis Kagahe


 

 

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