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Burundi : rapport accablant sur les dérives du SNR

Par 2016-09-06 11:29:32

[caption id="attachment_3705" align="aligncenter" width="771"]Pierre Claver Mbonimpa, président de l'APRODH, a failli aussi être éliminé (Photo archives) Pierre Claver Mbonimpa, président de l’APRODH, a failli aussi être éliminé (Photo archives)[/caption]


L’Association burundaise pour la protection des droits humains et des prisonniers (APRODH) vient de sortir un rapport le 26 août dernier relatant de graves exactions commises par le Service National de Renseignement (SNR), qui dépend directement de la présidence de la république, depuis sa création en 2006.

Le rapport de l’APPRODH rappelle que le SNR a été créé par la loi organique du 2 mars 2006 en remplacement de la Documentation Nationale du Burundi. C’était après la victoire du parti CNDD-FDD aux élections générales organisées en 2005.

Très rapidement, dépeint l’ONG, le SNR va commencer ses dérives et violations flagrantes des droits humains. Certains de ses agents vont se distinguer par des actes de torture cruels, inhumains et dégradants.

Dès l’année 2006, indique le rapport, le SNR a fabriqué un mythe de complot de coup d’Etat qui lui a permis d’arrêter notamment l’ex- président Domitien Ndayizeye et son ex-vice président Alphonse-Marie Kadege, un ex-officier des Forces armées burundaises le Colonel Damien Ndarisigaranye alias Guerilleros et Déogratias Niyonzima qui était président d’une ONG locale de défense des droits des minorités, SOJEDEM.

Domitien Ndayizeye, seul hutu des accusés, sera directement amené à la prison centrale de Mpimba alors que les trois autres ci-haut cités (tutsi) devaient d’abord passer pendant des jours aux cachots du SNR où ils ont subi d’atroces tortures à base "des coups d’objets tranchants utilisés par les agents de ce service".

Parmi ceux qui les ont torturés, le rapport de l’APRODH cite le redoutable feu Jean Bosco Nsabimana alias Maregarege qui en a même inventé une expression  : "GUKUBITA KADEGE IZO KWANURA IBIRAGO " (Battre Kadege les mêmes bâtons que ceux qui rendent souples et utilisables les nouvelles nattes).

Impunité totale

Le rapport déplore que malgré les dénonciations des médias privés burundais dont la Radio publique africaine (RPA) et certaines organisations de la société civile, les tortionnaires de Kadege et consort ont continué à se la couler doucement et ce sont même passés comme des héros. Ils auraient même bénéficié de certains avantages de la part de l’autorité du SNR comme des véhicules de déplacement, des missions de service …

Cependant, poursuit le rapport, la non dénonciation de façon prononcée de ces dérives tortionnaires du SNR surtout par les politiques de toutes tendances, l’impunité dont ont bénéficié les dirigeants du SNR ont sonné comme un chèque en blanc donné au service pour continuer ses sales besognes.

Ainsi, entre juin et août 2006, des civils ressortissant de la province de Muyinga, membres du parti PALIPEHUTU-FNL seront retrouvés morts assassinés et jetés dans la rivière Ruvubu.

Les personnes incriminées dans ces tueries sont notamment celui qui fut le chef de renseignement provincial de Muyinga Dominique Surwavuba, le colonel Vital Bangirinama alors commandant de la 4 ème région militaire et le commandant Eliezer Manirambona qui, après avoir écopé d’une peine de prison à vie, sera recruté par le SNR pour occuper le poste du chef de renseignement provincial à Rumonge.

Continuant sa dérive criminelle, note le rapport, le SNR sous la direction de feu Général- Major Adolphe Nshimirimana va construire sa puissance autour des démobilisés de guerre, véritable pépinière des "Imbonerakure" (ligue des jeunes du parti au pouvoir CNDD-FDD que l’ONU a qualifié de milice).

Un document officiel "A qui de droit", signé par le général Adolphe Nshimirimana sera distribué à certains démobilisés. Ce document leur conférait des pouvoirs exorbitants, illégaux et un gage pour commettre tous les forfaits. Ils se servaient de ce document pour percevoir leur salaire fixé à 48.000 francs burundais.

L’autorité du SNR venait ainsi de créer un service secret double, illégal, sans aucun compte à rendre eu égard à la loi mais dont les actes criminels ont entaché gravement son image et celle des institutions du pays.

Imbonerakure  : machine à tuer

Cependant, les meédias et la société civile vont accentuer la dénonciation des abus multiples commis par les démobilisés. Les autorités du SNR vont alors changer de tactique.

Les Imbonerakure vont désormais prendre la relève. Leur vrai commandants, qui étaient en même temps cadres du SNR, étaient Jean Petit Nduwimana, Jean Bosco Nsabimana, Jean Claude Sindayigaya alias Cuma et Mathias Niyonzima alias Kazungu.

Durant tout le premier mandat du CNDD-FDD, le général Adolphe Nshimirimana se renforcera tellement que le SNR est devenu l’épicentre pensant pour toutes les grandes décisions du pouvoir.

Durant le deuxième mandat de Nkurunziza, le SNR va être le centre des violations des droits de l’homme, comme le précise le rapport de l’APRODH.

C’est pendant cette période que le service s’impliquera au premier plan dans la formation militaire et criminelle des Imbonerakure en RD-Congo de 2012 à 2014. C’est ce que l’APRODH et la RPA dénonceront comme "affaire Kiliba-ONDES".

C’est aussi une période qui sera marquée par des assassinats qui laisse facilement découvrir le cerveau et la main du SNR, notamment le plan SAFISHA en 2011 où plus de 200 personnes membres des partis d’opposition ont été tuées  ; l’affaire Gatumba où 40 civiles ont péri dans une attaque perpétrée par des hommes armés en tenue militaire et policière ainsi que l’assassinat de trois sœurs italiennes du couvent de la paroisse Guido Maria Conforti de Kamenge en date du 7 septembre 2014.

Un des présumés assassins des sœurs, informe le rapport, du nom de Kiraga Juvent, agent du SNR, a été gratifié en bénéficiant d’une mission en Somalie dans l’AMISON juste après avoir accompli son ignoble mission.

Ethnisation

Le SNR atteint son paroxysme dans l’arbitraire et la criminalité depuis la volonté de Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat controversé.

De nombreux manifestants ont été réprimés aveuglement et continuent de subir des atrocités de la part des agents du SNR et de la police en collaboration avec les Imbonerakure.

Le rapport de l’APRODH rapporte que les autorités actuelles du SNR avec à la tête le général de brigade Etienne Ntakarutimana ont procédé à l’ethnisation du service pour pouvoir bien conduire le génocide des tutsi et des hutu anti-troisième mandat.

Selon le rapport, sur 18 provinces de renseignement que compte le SNR, 17 sont dirigés par des hutu. Le seul tutsi qui était chef de renseignement provincial de Mwaro, feu Ntwaramiheto Callixte, a été limogé au début des manifestations. Il a été accusé de soutenir les manifestants et de contribuer à envoyer des jeunes tutsi au Rwanda pour la rébellion.

Le rapport ajoute que les responsables de renseignement dans différentes communes sont presque à 100% de l’ethnie hutu. Ce sont des agents, précise le rapport, très gagnés à la mission de l’autorité du SNR de commettre toutes les violations dans l’impunité totale.

Tesire Mudahemuka


 

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