https://www.traditionrolex.com/25 Des chercheurs se penchent sur les défis post-génocide

Des chercheurs se penchent sur les défis post-génocide

Par 2016-08-09 06:32:21

Freddy Mutanguha , Directeur Régional pour l'Afrique de l'Est  de l'organisation Aegis Tust

Alors que 22 ans viennent de s’écouler après le génocide contre les Tutsi, des chercheurs locaux se sont penchés sur l’analyse des défis issus de ce drame et qui font encore échos aussi bien du côté des victimes que de celui des parents des acteurs présumés ou reconnus coupables dudit génocide. Le travail fait a été jugé digne d’intérêt.

A l’issue d’une recherche menée par dix chercheurs rwandais sous la tutelle de l’Organisation Eagis Trust, ces derniers en ont récemment publié les résultats préliminaires au cours d’une conférence dont le thème était intitulé ”Rwandans Researh Rwanda : Social Science Perspectives on Post-Génocide Challenges”.

Au cours de cette séance de restitution des résultats préliminaires, les chercheurs ont mis à jour une tentative de décorticage de l’impact du génocide contre les Tutsi et les défis qu’ils ont fait et font encore subir à la société rwandaise, aussi bien du côté des victimes que de celui des acteurs.

Selon le Président de IBUKA, Jean Pierre Dusingizemungu, ”cette recherche est un pas important vers l’avant, surtout qu’elle parle de la vie des descendants de ceux qui ont perpétré le génocide et qui veulent refaire leur vie normale. C’est une preuve que nous sommes dans la bonne direction de soigner et de guérir à la fois le côté des survivants du génocide et celui de ceux qui y ont pris part ainsi que leurs parentés”.

Néanmoins, a ajouté Dr Dusingizemungu, ”voulons savoir ce que font les acteurs du génocide aux côtés des survivants dans le sens de renforcer le processus de reconstruction d’une paix durable”.

Pour le député Edouard Bamporiki, ”les conclusions des chercheurs sont importantes et devraient nous défier en tant que gouvernement et législateurs, mais elles nous sont tout autant utiles car elles nous permettent de mettre en place des politiques sur base des réalités évidentes”.

Quelques messages des chercheurs

Selon Théoneste Rutayisire de l’Université d’Amasterdam, ”certains enfants ont pris distance de leurs parents génocidaires, en changeant leurs noms de famille afin de se démarquer de leur sombre passé”.

Pour sa part, le Dr Benda dont l’étude est intitulée ”Youth Connekt Dialogue(YCD : Unwanted Legacies, Responsability and Nation-building in Rwanda”, il a expliqué que le dialogue a permis de reconstituer l’identité rwandaise et une reconstruction nationale orientée dans le sens d’un nouveau paradigme de vérité et de réconciliation de nature à propulser le changement.

Après avoir assisté aux différents événements organisés par les jeunes dans 15 des 30 districts du pays entre mai et juin 2013, Benda a déclaré que le dialogue de cette jeunesse réunie dans un forum connu sous l’appellation de ”Youth Connect Dialogue” a eu un impact important sur le concept ”Ndi Umunyarwanda ”.

Le contenu de la recherche impliquait entre autres l’intitulé ”Vivre à l’ombre de la culpabilité et de la honte : une étude qualitative des vies entachées des génocidaires au Rwanda,” travail réalisé per Théoneste Rutayisire de l’Université d’Amsterdam et Annemiek Richters , ”Youth Connect Dialogues : uwanted legacies,responsability and nation building ”, produit par Richard Benda venu de manchester, Luther King House.

D’autres documents de la recherche sont tels que ” Rwandans negociating shared identities after genocide : the case of Orchestre Impala” produit par Rafiki Ubaldo, journaliste-photographe avec Helen Hintjens de l’Université d’Erasmus à Rotterdam, ”Am I Twa or HMP(Historically Marginalised Peoples ) ?” de Richard Ntakirutimana venu de ”African Initiative for Mankind Progress Organisation” avec Benett Collins de ”University of St Andrew’s”.

Dans un entretien avec Alice Karekezi, Enseignante au Centre de gestion des conflits de l’Université du Rwanda, elle a déclaré que ”vivre dans un endroit et en savoir les réalités est une chose, mais c’est aussi une autre chose d’en savoir les détails de ces réalités sur terrain. Ces résultats de la recherche offrent une perspective des problèmes sur terrain, et ces études permettront aux décideurs politiques et aux législateurs d’agir sur base des faits palpables”.

Aegis Trust finance les chercheurs rwandais

Selon Sandra Shenge, chargée de la recherche, de la politique et de l’enseignement supérieur au sein de l’Aegis Trust, ”Aegis trust, à travers son programme de Recherche, a choisi de financer le travail de chercheurs rwandais pour contribuer à augmenter la portée d’une recherche de bonne qualité produite localement”.

Elle a ajouté que ”Aegis trust finance les Rwandais spécifiquement parce que leur travail présente une originalité liée à leur connaissance du contexte culturel local qui leur confère une grande légitimité. La prise en compte de leurs perspectives est essentielle pour la réalisation de l’objectif final poursuivi par le programme : informer la prise de décision, à tous les niveaux, par des résultats de recherche robustes et produits localement”.

Pour Freddy Mutanguha, Directeur régional de l’organisation Aegis trust, les chercheurs qui ont mené ce travail depuis 18 mois ont prouvé que le pays a des chercheurs compétents capables de faciliter la tâche aux décideurs politiques.

Selon lui, ”la plupart de recherches menées après le génocide contre les Tutsi en 1994 ont été menées par des étrangers. Nous avons pensé, en tant qu’Aegis trust, qu’il faut donner des moyens à nos chercheurs locaux, car leurs voix pourraient être mieux comprises du fait qu’ils ont eux-mêmes vécu l’expérience du génocide mieux que quiconque d’autre”.

Jean Louis Kagahe

 

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